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CARTE POSTALE DU FUTUR - ENS de la Réserve écologique des Maillys - CD21

Édité le 29/07/2025

Nous sommes en 2050, dis-nous : Florent, quel est le climat qui règne sur ton aire protégée ?

Depuis 2029, le plan d'eau de la réserve n'a plus jamais gelé. Ça peut paraître anecdotique mais cela traduit la baisse du nombre de jours de vague de froid de 25 % et la diminution d'environ 11 jours de gel par an, par rapport à la période 1951-2005. L'hiver se réduit à peau de chagrin avec une reprise de la végétation dès la mi-février, soit une à deux semaines d'avance ! 

A contrario, les températures estivales explosent, avec une quinzaine de jours supplémentaires par an où les températures maximales journalières atteignent ou dépassent les 25°C et les vagues de chaleurs sont multipliées par deux. Malgré l'augmentation des précipitations, les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes. Nous avons même eu un incendie le long de la D20 en 2042, lié à un mégot de cigarette jeté par un automobiliste peu scrupuleux. L'ensemble de la ripisylve et du cordon de végétation situé le long de cette route est parti en fumée, sans compter la pollution du plan d'eau et de la nappe phréatique liée à l'intervention des pompiers...

Quel est le patrimoine naturel présent ? Quelles espèces/habitats ont disparu ? Et quelles nouvelles espèces/habitats sont arrivé(e)s ? 

Les périodes de sécheresse prolongées ont un impact sur la prairie humide et la majorité des pieds d’ail anguleux et de violette élevée a disparu, malgré les moyens engagés dès 2025 dans le cadre d'un plan national d'action. C'est un peu désespérant. 

La satisfaction pourrait venir des premiers cas de nidification de la grande aigrette sur l'île il y a deux ans. Cela porte à 5 le nombre d'espèces d'ardéidés nichant sur le site. 

Nous ne pouvons plus mettre en avant la colonie de grand cormoran comme spécificité locale, depuis la découverte de deux nouvelles colonies dans le val de Saône et d'une dans l'Auxois. 

La première mention départementale de Cormoran pygmée restera cependant un trophée pour la réserve écologique des Maillys, après de nombreuses années d'attente et la multiplication des observations dans les départements limitrophes. Depuis novembre 2028 et cette magnifique observation de deux individus depuis le nouvel observatoire de la rive nord, l'espèce est observée annuellement de novembre à avril. On a pu en dénombrer jusqu'à 8 individus en 2037. 

Côté mammifère, seul le castor a pu être ajouté à la liste des espèces quadrupèdes observées au sein de la réserve. Il a visiblement profité de la crue cinquentennale du printemps dernier. Pas sûr que ce soit durable, mais nous suivons ça de près.

Quelles sont les activités humaines qui se déroulent dans et autour l’aire protégée ? quelles pressions exercent-elles sur le patrimoine naturel ? 

Les monocultures de maïs ont fini de remplacer l'ensemble des prairies du secteur. Il ne reste plus que les quelques hectares de la boucle des Maillys, mais le pâturage y a disparu et le fourrage est fauché et ensilé début mai. Il n'est plus du tout question du râle des genêts, ni du courlis cendré ou du tarier des prés. Les pies-grièches écorcheurs semblent avoir quasiment disparues du secteur avec la disparition des dernières haies et des quelques bosquets encore présents il y a une quinzaine d'années. 

La nappe d'accompagnement de la Saône est de plus en plus basse, notamment en raison de l'augmentation des prélèvements pour l'irrigation et pour la production d'eau potable. En moyenne, nous avons perdu 50cm de hauteur d'eau ces 30 dernières années. Même les peupleraies du Val de Saône commencent à souffrir.

Il s'en est fallu de peu que la réserve ne soit pas transformée en réserve d'eau pour l'agriculture...

Et vous, en tant que gestionnaire, que faites-vous (quelle gestion ?) sur votre site ? et que vous voulez vous pour votre site ? 

Avec les collègues, nous sommes partagés entre satisfaction et désespoir ; satisfaction d'avoir pu maintenir peu ou prou l'héritage naturel du site malgré toutes les critiques que nous pouvons émettre sur l'origine industrielle du site. Désespoir de voir qu'un ancien site très fortement remanié conserve davantage de naturalité que les milieux environnants. Nous allons essayer de poursuivre dans ce sens, au risque de transformer ce site en musée. Peut-être que la pie-grièche écorcheur sera le nouvel emblème de la réserve !

De quels partenaires est composée la gouvernance (nouvelles implications, nouveaux outils/reconnaissance/label… ou sortie de certains partenaires) et quelle portée/ rayonnement a le site sur le territoire 

De ce côté peu de choses ont changé, les partenaires sont globalement les mêmes qu'il y a 30 ans. Les services de l'État s'intéressent davantage à ce site en raison des espèces qui se maintiennent encore localement. Un APPHN pourrait bientôt voir le jour dans le cadre de la NSPENFA (Nouvelle stratégie de protection des espaces naturels et faiblement anthropisés).

Les visites grand public sont plus fréquentes avec 2 sorties mensuelles et des permanences durant les vacances scolaires. Nous avons ainsi pu étoffer notre offre d'animation, y compris auprès des personnes en situation de handicap. L'ensemble des sentiers sont accessibles aux personnes à mobilité réduite et les nouveaux aménagements sont adaptés aux déficiences visuelles et auditives. Par ailleurs, des projets de recherches sont menés avec l'université de Dijon, notamment dans le cadre de l'adaptation des milieux et des espèces au changement climatique.




 

Adaptation des ENS de Côte-d'Or au changement climatique
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