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CARTE POSTALE DU FUTUR - ENS de la Zone Humide du Breuil - SMBVA

Nous sommes en 2050, Vincent dites-nous :

 

Quel est le climat qui règne sur votre aire protégée ?

Comme partout les températures ont beaucoup augmenté, notamment les températures d’été et on se retrouve avec des étés souvent caniculaires : dès le mois de juin, les vagues de chaleur se succèdent. En moyenne la température sur le site a déjà augmenté de +3°C !

On assiste aussi à un changement profond de nos hivers, avec une diminution drastique du nombre de jours de gel et la quasi-disparition des vagues de froid. 

Les précipitations ont plutôt augmenté en moyenne annuelle. Mais comme les pluies se répartissent de façon très différente, avec un excès sous la forme de fortes précipitations en hiver et au printemps, et une raréfaction des pluies en été et en automne, on assiste de plus en plus à des périodes de sécheresses significatives, voire extrêmes. 

Et comme partout en Côte d’Or, le risque de feu a fortement augmenté, ce qui nous impose à tous une plus grande vigilance. 

Quel est le patrimoine naturel présent ? Quelles espèces/habitats ont disparu ? Et quelles nouvelles espèces /habitats sont arrivé(e)s ?

Notre zone humide est très impactée par l’augmentation des températures (surtout estivales) et les sécheresses qui impliquent des étiages de plus en plus marqués et fréquents en été et qui s’étendent en automne. Les espèces caractéristiques du site qui réalisent leur cycle sur cette période estivale voire automnales sont grandement menacées, certaines ont quasiment disparues, comme par exemple, la gentiane pneumonanthe.

Le narcisse des poètes et les tritons qui eux réalisent leur cycle de vie au printemps s’en sortent mieux, puisqu’on conserve un peu d’eau dans la zone humide sur cette saison. Cependant, ils sont impactés quand même et n’arrivent à boucler leur cycle complet qu’en 3 ou 4 ans, au lieu de tous les 2 ans avant, ce qui n'est pas bon pour les populations sur le moyen-long terme. 

Quelles sont les activités humaines qui se déroulent dans et autour de l’aire protégée ? Quelles pressions exercent-elles sur le patrimoine naturel ?

Scénario 1 : Dans le courant des années 2027/2028, un véritable déclic sociétal s’est opéré, que personne n’aurait pu prédire ! La prise en compte de l’environnement et la protection de la nature sont devenues, en l’espace d’une année, la priorité numéro 1 pour tous et à tous les niveaux : dans les politiques européennes, nationales et locales ; et à l’échelle des citoyens au niveau individuel et collectif. Cela s’est traduit, à l’échelle de notre territoire, par un basculement complet du modèle agricole qui avait cours en 2025, vers une agriculture écologique et durable, véritablement respectueuse de la nature, adaptée au changement climatique, restauratrice de la ressource en eau et qui permet de restaurer et préserver nos milieux humides.  

Scénario 2 : Les tendances anti-environnement qui avaient vu le jour dans le courant de l’année 2025 se sont encore amplifiées dans les années qui ont suivi. Les syndicats agricoles majoritaires ont poursuivi leur lobbying en faveur d’une agriculture toujours de plus en plus intensive. Le développement des mégabassines, pourtant souvent jugées illégales en 2025, s’est renforcé et accéléré. Chaque territoire a été invité à créer sa mégabassine, au nom de l’adaptation au changement climatique. Sur notre territoire, la mégabassine a été implantée sur notre zone humide. Des travaux conséquents et destructeurs ont permis de décaisser le site, puis de le rendre imperméable. Autour de la mégabassine, une agriculture intensive et gourmande en eau continue à accaparer l’eau, au détriment de la nature.  

Et vous en tant que gestionnaire que voulez-vous, quelle gestion ?

En tant que gestionnaire du site, notre rôle est de tout faire pour que le scénario 1 devienne une réalité. 

En scénario 1, les évolutions politiques ont été favorables pour un virage vers une agriculture plus respectueuse de la nature et de l'environnement. Les agriculteurs du site ont vraiment joué le jeu, comprenant le rôle essentiel de la zone humide du Breuil pour le territoire dans son ensemble. Ils ont par exemple été favorables à l’extension de la surface de la zone humide, ils ont planté des haies sur l’ensemble du bassin versant, pour leurs rôles dans l’infiltration de l’eau dans les sols. 

Dans le même temps, les aires protégées ont bénéficié de moyens supplémentaires et d’une réglementation renforcée ! 

Comme toujours, notre gestion s'adapte au fur et à mesure selon la trajectoire suivie par le territoire et plus globalement la société. Nous sommes vigilants à ce qui se passe autour de nous avec un objectif de maintien de la résilience pour favoriser les milieux fonctionnels et bio-divers.  

De quels partenaires est composée la gouvernance (nouvelles implications, nouveaux outils/reconnaissance/label….) ou sortie de certains partenaires) et quelle portée rayonnement le site sur le territoire ?

En 2050, en scénario 1, nous bénéficions d’un Etat fort, qui a pris les choses en main, et surtout, une prise de conscience de l'importance des aires protégées qui sont indispensables à la résilience globale des territoires. Toutes les AP sont dorénavant strictement protégées et reconnues au niveau national, comme étant des espaces de nature n'ayant aucune vocation économique. 

Dans le même temps, au niveau local (comme au niveau national) les différents partenaires en charge de l’environnement ne se font plus la guerre (administration, naturalistes, associations de protection de la nature, collectivités…), ils se sont enfin mis d'accord et travaillent de concerts autour d’objectifs communs et concerts. 

 

Adaptation des ENS de Côte-d'Or au changement climatique
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