Adapter nos pratiques de gestion de la Réserve au changement climatique ?

C’est maintenant !

Les prairies de Montour et Vaucorniau font partie de la Réserve Naturelle Régionale des tourbières du Morvan. Ces fonds de vallon sont des milieux humides typiques du Morvan où se développent des sols para-tourbeux. Elles ont été abandonnées peu à peu depuis les années 1950 laissant place à une friche composée de saules, de bouleaux et de bourdaines.

Afin de restaurer ces prairies humides ouvertes, paysages emblématiques, riches en biodiversité, mais dépendantes de l’action de l’homme, 35 Ha de parcelles ont été achetées par le Parc du Morvan depuis 2002. Le Parc a engagé depuis 2003 des opérations de réouverture et mis en place une gestion par le pâturage d’un troupeau de Highland Cattle sur 30 ha, en partenariat avec un agriculteur.

 

Un plan de gestion ajusté au fil des années...

Le plan de gestion actuel a été établi, pour un troupeau de 30 vaches, jusqu’en 2023. Les chargements sur les parcelles, tels qu’écrits dans le plan de gestion, ont été ajustés au fur et à mesure des années. Ils sont la résultante à la fois des conséquences mesurées sur la flore au regard des objectifs de gestion écologique, mais tiennent compte également du besoin des animaux, que ce soit pour la gestion du parasitisme, pour la portance des sols ou vis à vis de la pousse de l’herbe.


… mais non adapté au manque d’eau !

Les prairies sont traversées par plusieurs petits ruisseaux et toutes les parcelles disposent d’un point d’abreuvement. Pour la première fois en 2019, depuis la mi-août, deux ruisseaux, nous empêchent de suivre le plan de pâturage prévu : 2 parcelles se retrouvent sans point d’abreuvement, il faut laisser l’accès du bétail aux ruisseaux encore en eau via des parcelles qui ne devraient plus être pâturées.

Le pâturage tournant sur de courtes périodes (2 semaines) permet notamment de lutter contre le parasitisme en rompant les cycles de reproduction des parasites. A court terme, nos choix d’adaptation auront-ils un impact sur la santé du bétail ? A moyen terme, si la sécheresse perdure, va t-il falloir éviter le surpâturage dans les parcelles qui devaient rester vide ? Réduire le nombre d’animaux présents quand leur temps de présence s’allonge ? A long terme, si les sécheresses se reproduisent, faudra t-il revoir le plan de pâturage et peut-être les chargements ? La taille du troupeau ? Comment l’écrevisse à pied blanc, espèce patrimoniale présente à Montour va t-elle résister à l’évolution des ruisseaux ?


Après un été déjà très sec en 2018 et l’entrée de la Réserve des Tourbières dans le projet Natur’Adapt, les questions de l’adaptation de notre gestion et des milieux humides se posaient déjà. Mais avec l’assèchement des ruisseaux en 2019, force est de constater que l’adaptation... c’est maintenant !