Aujourd’hui la forêt de la Massane a la possibilité de s’exprimer librement et d’évoluer de façon naturelle sans sylviculture structurante. Mais cela ne fait qu’un peu plus d’un siècle que la Massane a cette capacité. En effet, depuis le néolithique elle a considérablement été exploitée due à l’économie agropastorale et a ses exploitations diverses et variées. En effet la Massane était le réservoir de bois des communes littorales telles Banyuls sur mer ou bien Collioure. Le bois était utilisé pour se chauffer, pour la fabrication de teinture pour le textile. Le houx était utilisé pour la fabrication de la glu (besch). La forêt de la Massane était également utilisée pour la fabrication d’une grande quantité d’objets pour les paysans de la plaine et pour les travaux agricoles : charpente, clôture, parc à bétail (jaça), fabrication d’outils. L’antériorité de la pratique pastorale transparait au travers de la toponymie de la réserve Naturelle Nationale. Nombreux toponymes font références au pastoralisme : el Jaçal, la Jaça (parc à bétail) de Colomate, el Cortal dels porcs, Corral de la llosa, el Prats (le pré) etc. On imagine alors un milieu bien plus ouvert et bien plus pâturé !
La caractère « sauvage » de la Massane est indéniablement récent étant donné son passé. Ses innombrables interactions entre biotope et biocénose apparaissent, se construisent, s’ajustent et s‘articulent au fil du temps. C’est plus de 8000 espèces qui bénéficient de ce « laisser-faire ». Une aubaine pour cette forêt aux contexte géologique, climatique, orographique et écologique d’une richesse unique.