Après une dizaine d’années passées à gérer les rivières au Parc du Morvan, me voilà plongée dans les tourbières, côté climat.
Nouveaux enjeux et nouveaux collègues, basés aux quatre coins de France mais proches au quotidien, notamment grâce aux outils de travail « distanciel synchrone » ! A savoir les téléréunions avec Zoom, les échanges avec Slack et le travail collaboratif avec le Drive, qui ont désormais remplacé le bon vieux mail (reste à savoir lequel consomme le moins de CO2, c’est la question!).
Pour la première étape, établir la liste des objets à analyser, on a pioché dans le plan de gestion : les habitats prioritaires, des fonctionnalités et quelques espèces à forte responsabilité de la Réserve.
Deuxième étape : raconter le climat passé, présent et futur de la Réserve. Pour le futur, une fois qu’on a compris où et comment récupérer les données des modèles, ce n’est pas si compliqué. Avec le futur COOC et les outils de NaturAdapt, ce sera presque facile pour les gestionnaires ! Ma plus grande difficulté : récupérer les données passées des stations météo du territoire. Quand on a l’habitude des données de débits en ligne et gratuites depuis les années 50 pour les rivières, devoir payer pour récupérer la température locale, ça énerve… Il faut donc jongler avec les sites qui reprennent certaines variables, refaire les graphiques, comparer avec des stations amateurs mais pas sur les mêmes périodes. Bref, beaucoup de temps passé pour un résultat mitigé. Mon conseil : prenez un stagiaire et devenez ami avec un climatologue.
Dans les étapes proposées par NaturAdapt, il nous a fallu retenir un scénario climatique pour l’analyse de vulnérabilité. Nous avons retenu le scénario médian 4.5, pour imaginer des évolutions sur les tourbières et s’y préparer alors que le scénario pessimiste 8.5 pourrait nous conduire à ne plus agir.
A ce stade du projet, je voudrais me tatouer le mot «atténuation » ou encore le « changement c’est maintenant !»(Mais j’hésite et je ne sais pas où) ou bien, me ligoter au milieu d’une tourbière pour que nos dirigeants agissent très très rapidement pour réduire les gaz à effet de serre... mais comme la fréquentation de la Réserve par le public est encore marginale, je vais plutôt me concentrer sur l’analyse de vulnérabilité et l’élaboration du COOC, les prochaines étapes.
Comment vont évoluer les pratiques des agriculteurs et des forestiers dans et autour des tourbières ? C’est une des questions auxquelles il faudrait répondre, avec eux, lors des ateliers prévus en février.
C’est quoi une gestion adaptative ? Quel est le rôle du gestionnaire ? Agir dans l’incertitude ? Voilà quelques interrogations philosophiques au programme du COOC qu’on doit concocter. Même pas peur…
C’est étrange, le projet NaturAdapt me conforte dans l’idée qu’il faut faire confiance au collectif.