Des synthèses scientifiques sont là pour vous aiguiller !
La mise en place d’une démarche d’adaptation au changement climatique fait émerger beaucoup de questions sur les mesures de gestion à adopter.
Dans le cadre du projet LIFE Natur’Adapt, 3 synthèses scientifiques, résumés de revues de la littérature scientifique ont été réalisées par l’UMS Patrinat pour appuyer les gestionnaires dans leur choix de mesures d’adaptation :
1. QUELQUES ÉTUDES DE CAS SUR L’EFFICACITÉ DES CORRIDORS POUR LES VERTÉBRÉS TERRESTRES EN EUROPE
Une revue bibliographique sur l’efficacité des corridors pour les vertébrés d’Europe a été réalisée suivant les préceptes des revues systématiques. En dépit de l’importance de la thématique des réseaux écologiques dans la sphère académique, l’étude a mis en évidence des manques de connaissances dans la littérature sur les corridors.
En effet, en se limitant au groupe des vertébrés terrestres et au continent européen, seul un nombre très faible d’études compare rigoureusement des mesures obtenues pour des patchs connectés par un corridor, à celles obtenues pour des patchs aux propriétés similaires mais isolés au sein de la matrice paysagère.
Deux précédentes synthèses sur l’efficacité des corridors étaient cependant parvenues à identifier davantage d’études du fait d’un nombre important de travaux réalisés en Amérique (Resasco 2018 ; Gilbert- Norton et al., 2010). Dans le cas de la présente revue, les quelques résultats empiriques recensés montrent une influence positive de la présence de corridors sur les populations étudiées (évaluée essentiellement par leurs effets sur l’abondance et la richesse spécifique), en accord avec la littérature existante. Toutefois, l’hétérogénéité des publications rend la synthèse des effets rapportés difficile, avec des résultats parfois contradictoires.
Cette note de synthèse illustre les précédents points à travers une série d’études de cas ; elle conclut finalement sur la nécessité de réaliser des études spécifiquement sur le mouvement des individus via les corridors et d’intégrer la question des dérèglements climatiques pour mieux anticiper les enjeux de conservation à venir.
2. UNE MÉTA-ANALYSE SUR L’INFLUENCE DE L’ARRÊT DE LA GESTION FORESTIÈRE SUR LA BIODIVERSITÉ
En s’inspirant de la méthode des revues systématiques, une méta-analyse a été conduite sur les conséquences de l’abandon de l’exploitation forestière (c’est-à-dire de la coupe de bois par l’homme) sur la biodiversité (Langridge et al., In prep). Cette méta-analyse a été réalisée dans le cadre du projet LIFE NaturAdapt, afin d’appuyer les gestionnaires dans leur choix lors de l’écriture des plans d’adaptation.
Un premier travail avait été publié en 2010 sur les forêts européennes (Paillet et al., 2010) montre que l’abandon de l’exploitation forestière diminue la diversité des plantes vasculaires et augmente la diversité des coléoptères saproxyliques (se nourrissant de bois en décomposition).
Ici, la méta-analyse a été étendue au monde entier en considérant les forêts boréales, tempérées et méditerranéennes. Elle confirme des résultats précédemment obtenus et indique aussi (et c’est une nouveauté) que le différentiel de diversité d’espèces entre forêt non-exploitée et forêt exploitée a tendance à augmenter avec la durée depuis l’arrêt de l’exploitation lorsque la forêt est localisée dans un contexte climatique humide, et à diminuer en contexte sec.
Cette méta-analyse met aussi en exergue le manque d’études sur certains taxons et l’insuffisance du seul indicateur « richesse spécifique » pour analyser ce problème, dans la mesure où il ne reflète pas la biodiversité dans son ensemble et la fonctionnalité des écosystèmes.
3. UNE CARTE SYSTÉMATIQUE SUR LES TRANSLOCATIONS IMPLIQUANT DES AIRES PROTÉGÉES DANS LE MONDE
En suivant la méthode des cartes systématiques et à partir de l’analyse de 498 articles, 841 expériences de translocations (déplacements manuels d’espèces), animales, végétales et de fonges, impliquant une aire protégée dans le monde entre 1969 à 2020, ont été compilées dans une base de données (Langridge et al., 2021). Ce catalogue montre que la translocation est un outil fréquemment utilisé au sein des aires protégées. Ces dernières peuvent être sources d’individus à « transloquer » mais elles sont surtout la destination de ces translocations.
Les translocations concernent avant tout des animaux et notamment des mammifères. Il s’agit surtout de réintroductions, parfois accompagnées de renforcement, concernant des espèces initialement présentes dans les aires protégées, mais qui y ont régressé pour diverses raisons.
D’après l’analyse du corpus de littérature, de très rares cas de translocation ont été motivés par le changement climatique ; la raison principale de ces translocations étant la conservation d’une espèce en déclin préalablement présente. Enfin, il serait intéressant d’évaluer le succès de toutes ces translocations, travail qui n’a pas été réalisé dans le cadre de cette carte systématique.
Consulter :
- Logigramme permettant aux gestionnaires de s'orienter dans la base de données des translocations
- Base de données des translocations recensées
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