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Webinaire Natur'Adapt | Mercredi 23 novembre à 14h

  • Il y a 1 an

    Les webinaires Natur’Adapt sont de retour ! RDV demain, 𝗺𝗲𝗿𝗰𝗿𝗲𝗱𝗶 𝟮𝟯 𝗻𝗼𝘃𝗲𝗺𝗯𝗿𝗲, de 14h à 15h, pour écouter le témoignage d'Etienne Aulotte, chef de département à Bruxelles Environnement - Leefmilieu Brussel, de la forêt de Soignes (Belgique).🌲 Il partagera son expérience après avoir participé au projet LIFE Natur'Adapt, en testant sa démarche d'adaptation au changement climatique sur son aire protégée.
    Dernier jour pour vous inscrire ! Partage et venez nombreux ! 🙌

    🗓 Mercredi 23 novembre 2022
    ⏱ De 14h à 15h
    👉 𝗦𝘂𝗿 𝗶𝗻𝘀𝗰𝗿𝗶𝗽𝘁𝗶𝗼𝗻 : https://lnkd.in/eAdab2XP
    📍 + d'infos : https://lnkd.in/eMN_Z_qr

  • Il y a 1 an

    Bonjour à tous,

     

    Voici le lien zoom de connexion au webinaire retour d’expérience de la forêt de Soignes présenté par Etienne Aulotte de Bruxelles Environnement, aujourd’hui à 14h !

    Participer à la réunion Zoom 
    https://us02web.zoom.us/j/82119117706?pwd=ODhSNDlwR09BT1g4NHZPTEFFOU9aUT09

    ID de réunion : 821 1911 7706 
    Code secret : 954573

     

    Merci de votre participation

    Laetitia

  • Il y a 1 an

    Bonjour à tous,

    Ayant suivi le MOOC Natur'Adapt, je viens de participer avec un grand intérêt au webinaire retour d'expérience “Forêt de Soignes” où est intervenu Etienne Aulotte, et je découvre la richesse des échanges et de la documentation disponible dans ce groupe de travail “Webinaires Natur'Adapt" auquel je viens de m'abonner. 

    Forestier dans la Somme, j'anime, au sein du Centre d'études techniques forestières de la Somme (CETEF80) qui est une association loi 1901 de propriétaires forestiers sylviculteurs privés , un groupe de travail “Adaptation des forêts au changement climatique” où la préoccupation qui nous relie de l'adaptation des écosystèmes forestiers dont nous avons la charge est à l'évidence partagée par les gestionnaires d'espaces naturels forestiers protégés nombreux dans ce groupe de travail.   

    Pour compléter les échanges du webinaire du 23 novembre et sans vous fournir de liens vers la thématique de l'accroissement constaté récemment de la sensibilité climatique au réchauffement climatique de l'Europe Occidentale et donc de La France et de la Belgique, je vous indique deux liens de webinaires passés et à venir qui peuvent vous apporter des informations sur  les sujets de :

    • La réponse des écosystèmes forestiers au changement climatique. Il s'agit du replay de la séance publique du 16 février 2022 à l'Académie d'Agriculture de France consacrée à “La réponse des arbres et des forêts aux sécheresses, notamment caniculaires” avec notamment  les interventions d'Hervé Cochard et Charlotte Grossiord : 
    • La génétique évolutive qui va faire l'objet le 13 décembre de 14h00 à 17h00 d'un webinaire sur le thème “La génétique évolutive au service de la gestion et de la conservation des forêts - La génétique propose-t-elle des solutions pour adapter les forêts au changement climatique ?”. ce webinaire est organisé par le Réseau Mixte Technologique AFORCE (Adaptation des forêts au changement cimatique) et  sont prévus y intervenir Brigitte Musch de l'ONF et Alexis Ducousso de l'INRAE. Ce webinaire est présenté avec l'introduction suivante “ La vitesse des évolutions climatiques actuelles et futures rendent compliquée l’adaptation naturelle des forêts, éléments statiques par excellence. Dans ce contexte, les forestiers sont amenés à se poser de nombreuses questions les mécanismes génétiques d’hybridation ne peuvent-ils pas constituer des opportunités ? Mais quelles doivent être les limites pour éviter un changement complet du faciès de nos forêts ? L’introduction de nouvelles espèces est-elle un risque ou une démarche inévitable ?”. Il est possible de s'y inscrire par la page de lien https://my.weezevent.com/webinaire-genetique-evolutive

    Pour terminer, en mettant en première  pièce jointe les pages 1, 80 et 81 du plan de gestion 1996 de la réserve naturelle de la Massane, je vous propose de réfléchir au thème de la migration assistée comme modalité d'adaptation des forêts au changement climatique en reliant les espaces naturels de la forêt de Soignes (webinaire du 23 novembre 2022) et de la réserve naturelle de foret de la Massane (webinaire du 24 avril 2021 avec sa présentation dédiée). Les hêtres de la forêt de Soignes ont des signes nets de dépérissement, ce sont des fagus sylvatica issus de la reconquête post glaciaire en venant des refuges des Alpes Slovénes, les hêtres de la forêt de Massane d'aprés le document de 1996 joint sont proches du taxon appelé “hêtre de Crimée” à mi chemin sur le plan génétique entre fagus orientalis et fagus sylvatica   qui n'a pas connu du fait de leur isolement l'évolution complète du fagus sylvatica ce qui explique leur position à l'extrèmité la plus sèche et la moins arrosée de l'enveloppe climatique du fagus sylvatica  (cf diapo 11) par contre au vu de la diapositive 12 avec cet accroissement de la mortalité moyenne de 2% par an entre 2004 et 2018 leur survie  semble menacée (préoccupation de mémoire évoquée par un intervenant  dans le séminaire CRREF du 22 octobre dernier auquel j'ai participé). Dans le contexte d'une évolution pessimiste du climat futur  on peut avancer, simplement pour illustrer cette modalité d'adaptation,  que l'enrichissement de la forêt de Soignes en  placeaux de hêtres de migration assistée cultivés à partir des faines de la forêt de Massane pourrait apporter de la  résilience à la hêtraie de Soignes  en produisant dés qu'ils auront atteints la maturité sexuelle une régénération naturelle directe ou hybridée avec les hêtre locaux, et constituer par la même opération une sauvegarde  du patrimoine génétique des hêtres de Massane.  L'ONF en France a pratiqué avec le projet Giono une démarche analogue en plantant en forêt de Verdun des hêtres originaires de la Sainte Baume autre hêtraie relique. Plus d'informations sur l'histoire du hêtre au quaternaire sont disponibles dans la deuxième pièce jointe extraite de ONFRDVTHS_02. Ce type de mécanisme devrait être évoqué lors de du séminaire sur la génétique évolutive. 

    Ne pas confier tous ces espoirs à la résilience des peuplements locaux en la complétant par celle attendue de la migration assistée  me semble une démarche en accord avec l'évaluation que l'on peut faire du risque. En effet, les gradients de température en cours dans l'anthropocène récente et qui nous attendent n'ont rien à voir avec ceux de la dernière déglaciation, de l'optimum médiéval et du petit âge glaciaire qui tous étaient proches de variations en valeur absolue de l'ordre de 0,1°C/siècle laissant le temps aux arbres de s'adapter lentement par la succession des générations en faisant le tri dans une régénération naturelle foisonnante.

    Bien cordialement

    Philippe Bouchez 

    07 71 85 45 09

     

     

  • Il y a 1 an

    Rebonjour à tous

    Je rajoute la 1ere PJ qui n'a pas suivi dans  mon précédent Post de 15h53 : “Pages 1,80 et 81 de plan de gestion 1996 de RN de la Massane .pdf”

    Cordialement

    Philippe Bouchez

     

  • Il y a 1 an

    Bonjour,

    Le contenu de cette discussion fait suite à la précédente que j'avais postée le 2 décembre après avoir visionné le séminaire retour d'expérience de la forêt de Soignes du 23 novembre où était intervenu Etienne Aulotte qui appartient à ce groupe de travail. Discussion dans laquelle j'avais évoqué les stress hydriques, la génétique évolutive et la migration assistée du hêtre comme moyen de renforcer la résilience des hêtraies au changement climatique, sujet sur lequel nous travaillons dans les Hauts de France puisque nous sommes aussi confrontés à des dépérissements de hêtre. 

    J'ouvre cette nouvelle discussion après avoir lu les documents mis en ligne par Sandra Chatel le 5 décembre dans le groupe Communauté à la rubrique Actualités sous le libellé “Fin de la phase de test | Consultez les rapports des sites tests !” et dans lesquels j'ai trouvé le diagnostic de vulnérabilité et le plan d'adaptation de la forêt de Soignes.

    Plutôt que par un courriel personnel à Monsieur Aulotte, je communique les remarques qui me sont venues après lecture de ces documents qui seront de fait partagées avec les membres du groupe, dont certains sont en poste dans les Hauts de France, cela dans un esprit collaboratif et constructif, et vais faire référence au plan d'adaptation de la forêt de Soignes (AULOTTE E. ; VAES F. 2021. Plan d’adaptation au changement climatique de la Forêt De Soignes – Région Bruxelloise. LIFE Natur’Adapt – Rapport Bruxelles Environnement. p.) :

    Page 6 je cite “La hêtraie va inévitablement se réduire au profit d’autres espèces et faciès”. Commentaire : je suis globalement d'accord pour le hêtre commun local fagus sylvatica d'où la remarque déjà faite d'introduire en enrichissement en placeaux des hêtres fondateurs de provenances plus méridionales avec parmi elles celles des sanctuaires reliques refuges du hêtre pendant la dernière glaciation et répertoriés comme des fagus sylvatica bien que présentant des caractères les apparentant à l'espèce fagus orientalis pour laquelle il y a d’ailleurs une controverse sur la question de la considérer comme une espèce différente (cf. PJ à la présente discussion “le hêtre au quaternaire”).  Ces hêtres fondateurs sélectionnés à raison d’un par placeau pouvant, une fois atteint la maturité sexuelle, fournir une régénération naturelle adaptée au climat futur par reproduction sexuée entre eux ou par hybridation avec les hêtres locaux.

    Page 8 je cite “un paysage forestier « cathédrale » de substitution sera développé : la chênaie cathédrale à base de chênes sessiles.” Or le plan d’adaptation prévoit le passage en futaie irrégulière avec enrichissement en placeaux qui me semble incompatible avec l’obtention d’une chênaie cathédrale. En effet, La chênaie cathédrale est un mode de gestion résultant du traitement en futaie régulière des chênaies bien connu en France et qui vient d’être classé le 8 juin 2022 à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel. Il résulte historiquement de l'application de l'Ordonnance des Eaux et Forêts du Roi Louis XIV d’août 1669 rédigée par son ministre Colbert à laquelle on peut ajouter l’application du moins connu « Traité de la  culture des forêts » que fera paraître le Maréchal Sébastien Le Prestre de Vauban dans le tome 4 de ses « oisivetés » en date du 14 octobre 1701. Mais sans détailler plus ces rappels historiques, la chênaie cathédrale est le produit d'une sylviculture de longue révolution de l'ordre de 200 ans même si celle-ci tend à se réduire un peu. La condition initiale favorable à son renouvellement est une régénération naturelle avec de l’ordre de 100 000 semis par hectare. Une très longue phase de compression poursuivie par des éclaircies prudentes permet de l’obtenir, avec pour illustrer cette sylviculture l’objectif d’obtenir un peuplement mature au bout de 180 ans  de 70 chênes de 75 cm de moyenne de diamètre à hauteur d'homme avec des fûts nets de branche pouvant atteindre la vingtaine de mètres de hauteur tel qu’énoncé récemment par le gestionnaire ONF de la forêt domaniale  de Réno-Valdieu dans le Perche en France. Il est hautement probable que la hêtraie cathédrale de la forêt de Soignes plantée au 18ème siècle par les Autrichiens résulte d’un processus identique favorisé par le fait que la hêtraie était régionalement jusqu’ici le stade climacique de la forêt, ce qui est remis en question par le changement climatique. A contrario, si on pratique un enrichissement de chêne en placeaux dans le cadre d'une sylviculture mélangée sous couvert continu avec une gestion adaptée de l'éclairage, et vu sa fertilité,  il doit être possible en appliquant la gestion Qualification - Dimensionnement (QD) en forêt de Soignes d'obtenir par hectare en une centaine d'années jusqu'à 30 à 50 très gros bois de chêne (de diamètre environ 80 cm) avec des fûts nets de branches sur 8 à 10 m dont les charpentières les plus basses seront maintenus vivantes par un détourage régulier, ces chênes devant aussi atteindre à terme une quarantaine de mètres de hauteur. Il va de soi que si des enrichissements de hêtres adaptés au climat futur sont aussi simultanément pratiqués, l'application simultanée de la gestion QD à cette essence permet d'espérer obtenir une futaie mélangée irrégulière associant à ces deux essences principales à croissance lente d’autres essences à croissances plus rapides. Les articles et ouvrage de Georg Josef Wilhelm expliquent les bases de cette gestion proche de la nature et détaillent comment la mettre en oeuvre.  Personnellement, je pense que le facies d'une telle futaie ne fera pas regretter à ceux qui la contempleront la hêtraie cathédrale qu'elle remplacera. Outre leur grande valorisation du bois produit, les arbres de valeur ainsi élevés présenteront des avantages adaptatifs au changement climatique qui seront leur sélection génétique à l'intérieur du placeau (un nombre de 20 plants est recommandé en gestion QD), leur haut potentiel de fructification, leur grande résistance au vent et l’atteinte plus rapide d’un diamètre d’exploitabilité donné.

    Page 10 je cite « chênaies charmaies Habitat N2000 - 9160 - focus chêne pédonculé /Ouvrir le débat sur l’opportunité ou non d’introduire de nouvelles espèces plus adaptées tout en mesurant in situ - via des placettes expérimentales - l’impact lié à l’introduction de certaines espèces plus méditerranéennes comme le chêne pubescent en lieu et place du chêne sessile actuellement mis en avant. ». L’introduction de provenances méditerranéennes de fagus sylvatica ou de fagus orientalis a déjà été évoquée et est testée dans le cadre du projet « Arboretum de la Société Royale Forestière de Belgique (SRFB) pour lequel on peut se référer à la page internet « Trees for future » (cf. https://www.treesforfuture.be/le-projet/) à propos duquel on peut noter que parmi les 11 essences feuillues testées on trouve fagus sylvatica avec une provenance française « Sud Massif central » et fagus orientalis avec la mention provenance à déterminer. Pour information, en France la pépinière expérimentale ONF de Guéméné-Penfao a pu me fournir ainsi qu’à deux autres membres de notre groupe de progrès le 6 décembre dernier quelques fagus orientalis de provenance turque pour en réaliser des tests de comportement pour moi conduits en enrichissement en placeaux.
    Pour ce qui concerne le chêne pubescent, testé aussi dans « Trees for future » avec le chêne sessile, le chêne chevelu et le chêne de Hongrie, je signale qu’en France il est intégré dans le projet CONQUETH (Capacité d’Occupation du Nord par les chênes (QUErcus) Thermophiles) et qu’il est déjà présent dans les Hauts de France en peuplements adultes là ou la pauvreté du sol, la sécheresse et la chaleur du micro-climat l’ont protégé de la concurrence des chênes sessiles et des chênes pédonculés, ce qui fait qu’on dispose en Normandie et en Hauts de France de peuplements identifiés provenance « Chênes pubescents Nord-Ouest ». La question pour les chênes se pose cependant pour moi d’associer dans la migration assistée le chêne tauzin (Quercus pyrenaica) mieux adapté a priori que le chêne pubescent pour les sols acides. En effet, le chêne tauzin, également thermophile, appartient au même complexe d’espèces que les chênes sessile, pédonculé et pubescent et est donc susceptible aussi de s’hybrider avec eux.

    Page 12 je cite « Hêtraie acidophile (Habitat N2000 - 9120) / Meilleure connaissance du changement phénotypique possible du hêtre en adaptation au changement climatique - Meilleure connaissance du patrimoine génétique du hêtre en forêt de Soignes et sa résilience vis-à-vis du changement climatique pour autant que cela soit possible. » Alexis Ducousso (intervenant du prochain webinaire du 13 décembre prochain sur la génétique évolutive signalé dans un de mes posts du 2 décembre) ingénieur de recherche à l’INRAE Bordeaux UMR Biogeco et forestier dans la Somme est le spécialiste de la génétique des chênes et hêtres en France. Il connait bien à ce titre les travaux qui ont pu être effectués sur les génomiques du chêne et du hêtre. Par ailleurs, vous trouverez en pièce jointe le document « tpx128.pdf » ( Stojnic S. et al 2017 « Variation in xylem vulnerability to embolism in European beech from geographically marginal populations » Tree Physiology 00, 1–13 doi:10.1093/treephys/tpx128) article qui, outre le fait qu’il montre la grande marge de sécurité hydraulique que possèdent des hêtres en peuplement dans la forêt domaniale de Laveyron, détaille comment la vulnérabilité à l’embolie peut être déterminée par des mesures faites en France à l’aide du « Cavitron ».

    Page 12 je cite « Hêtraie acidophile (Habitat N2000 - 9120) / Meilleure connaissance de la résilience des autres espèces actuellement plantées (Tilia cordata, Carpinus betulus, etc.) et autres espèces potentielles (Quercus petraea (origine Allier – France), Chêne pubescent, etc.)). Connaissance insuffisante à ce stade. ». Pour information, les chênaies sessiliflores de l’Allier ont été placées en situation de crise de mémoire dès 2020 par le Département de Santé des Forêts sur le critère « récolte accidentelle supérieure à 30% », et ce alors que les cartes de compatibilité climatique Climessences classent en « vert » le chêne sessile pour le climat actuel dans ce département…

    Page 13 je cite « Pédologie (sols) / Etude pédologique et stationnelle de la plasticité du hêtre pouvant être plus élevée que présumée quant à sa capacité de pouvoir pénétrer dans les fissures du Fragipan pour atteindre les lœss calcaires. » Remarque : Dans la partie diagnostic, la spécificité du fragipan du sol de la forêt de Soignes est soulignée, mais elle peut être comprise comme un facteur limitant puisque présent à 30 cm de profondeur mais sur une épaisseur inconnue, le fragipan est un facteur limitant dans la mesure où il n’est pas fissuré. D’où la question suivante, selon l’épaisseur de la tranche du fragipan, la préparation du sol au sous-soleur multi-fonction dent Becker monté sur minipelle a-t-elle été testée sur les placeaux de plantation en enrichissement ? Ce sous-solage décompacte le placeau jusqu’à 60 cm de profondeur en conditions favorables sans perturber les horizons et correspond à une préparation du sol mécanisée uniquement locale avec d’autres effets positifs vis-à-vis de la concurrence de la végétation adventice car il est équipé en complément d’un peigne désherbeur. Il est de plus en plus utilisé en France avec succès tant pour ses bons résultats sur la reprise des plantations que pour l’économie qu’il permet sur les premiers dégagements. Plus d’informations sont disponibles sur le site https://www6.inrae.fr/renfor/Ressources/Fiches-techniques.

    Page 14 je cite « Gestion Forestière / Proposer une adaptation des règles UNESCO pour une gestion futaie irrégulière par pied au lieu d’une futaie irrégulière par parquets (qui implique des trouées de 30 ares ou plus qui affectent l’ambiance forestière dans la zone tampon) et harmoniser les pratiques au niveau des 3 régions. » En gestion irrégulière dans une chênaie sessiliflore / charmaie la récolte d’un très gros bois de chêne (pour fixer les idées avec un diamètre de houppier de l’ordre de 18 m la trouée unitaire fait 2,5 ares) laisse la place suffisante pour amener un cône de régénération naturelle ou un îlot de plantation de chêne sessile jusqu’au stade de petit bois. Le couvert plus fermé de la hêtraie est une autre situation, mais il est montré dans des écrits de Georg Josef Wilhelm en particulier dans celui paru dans le numéro 163 de Forêt Nature en pages 43 à 52 intitulé « La gestion QD un atout pour les chênes dans les hêtraies » que le chêne peut y être favorisé dans une optique d’adaptation au changement climatique et cela a pu être vérifié sur le terrain lors d’un voyage d’études en 2021 à Blieskastel en Allemagne dans la Sarre.

    Bien cordialement

    Philippe Bouchez

    Animateur du groupe de travail « Adaptation des forêts au changement climatique » du Centre d’études techniques forestières de la Somme (CETEF80)

    07 71 85 45 09

    Pièces jointes

  • Il y a 1 an

    Bonjour,

    Le contenu de cette discussion fait suite à la précédente que j'avais postée le 2 décembre après avoir visionné le séminaire retour d'expérience de la forêt de Soignes du 23 novembre où était intervenu Etienne Aulotte qui appartient à ce groupe de travail. Discussion dans laquelle j'avais évoqué les stress hydriques, la génétique évolutive et la migration assistée du hêtre comme moyen de renforcer la résilience des hêtraies au changement climatique, sujet sur lequel nous travaillons dans les Hauts de France puisque nous sommes aussi confrontés à des dépérissements de hêtre. 

    J'ouvre cette nouvelle discussion après avoir lu les documents mis en ligne par Sandra Chatel le 5 décembre dans le groupe Communauté à la rubrique Actualités sous le libellé “Fin de la phase de test | Consultez les rapports des sites tests !” et dans lesquels j'ai trouvé le diagnostic de vulnérabilité et le plan d'adaptation de la forêt de Soignes.

    Plutôt que par un courriel personnel à Monsieur Aulotte, je communique les remarques qui me sont venues après lecture de ces documents qui seront de fait partagées avec les membres du groupe, dont certains sont en poste dans les Hauts de France, cela dans un esprit collaboratif et constructif, et vais faire référence au plan d'adaptation de la forêt de Soignes (AULOTTE E. ; VAES F. 2021. Plan d’adaptation au changement climatique de la Forêt De Soignes – Région Bruxelloise. LIFE Natur’Adapt – Rapport Bruxelles Environnement. p.) :

    Page 6 je cite “La hêtraie va inévitablement se réduire au profit d’autres espèces et faciès”. Commentaire : je suis globalement d'accord pour le hêtre commun local fagus sylvatica d'où la remarque déjà faite d'introduire en enrichissement en placeaux des hêtres fondateurs de provenances plus méridionales avec parmi elles celles des sanctuaires reliques refuges du hêtre pendant la dernière glaciation et répertoriés comme des fagus sylvatica bien que présentant des caractères les apparentant à l'espèce fagus orientalis pour laquelle il y a d’ailleurs une controverse sur la question de la considérer comme une espèce différente (cf. PJ à la présente discussion “le hêtre au quaternaire”).  Ces hêtres fondateurs sélectionnés à raison d’un par placeau pouvant, une fois atteint la maturité sexuelle, fournir une régénération naturelle adaptée au climat futur par reproduction sexuée entre eux ou par hybridation avec les hêtres locaux.

    Page 8 je cite “un paysage forestier « cathédrale » de substitution sera développé : la chênaie cathédrale à base de chênes sessiles.” Or le plan d’adaptation prévoit le passage en futaie irrégulière avec enrichissement en placeaux qui me semble incompatible avec l’obtention d’une chênaie cathédrale. En effet, La chênaie cathédrale est un mode de gestion résultant du traitement en futaie régulière des chênaies bien connu en France et qui vient d’être classé le 8 juin 2022 à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel. Il résulte historiquement de l'application de l'Ordonnance des Eaux et Forêts du Roi Louis XIV d’août 1669 rédigée par son ministre Colbert à laquelle on peut ajouter l’application du moins connu « Traité de la  culture des forêts » que fera paraître le Maréchal Sébastien Le Prestre de Vauban dans le tome 4 de ses « oisivetés » en date du 14 octobre 1701. Mais sans détailler plus ces rappels historiques, la chênaie cathédrale est le produit d'une sylviculture de longue révolution de l'ordre de 200 ans même si celle-ci tend à se réduire un peu. La condition initiale favorable à son renouvellement est une régénération naturelle avec de l’ordre de 100 000 semis par hectare. Une très longue phase de compression poursuivie par des éclaircies prudentes permet de l’obtenir, avec pour illustrer cette sylviculture l’objectif d’obtenir un peuplement mature au bout de 180 ans  de 70 chênes de 75 cm de moyenne de diamètre à hauteur d'homme avec des fûts nets de branche pouvant atteindre la vingtaine de mètres de hauteur tel qu’énoncé récemment par le gestionnaire ONF de la forêt domaniale  de Réno-Valdieu dans le Perche en France. Il est hautement probable que la hêtraie cathédrale de la forêt de Soignes plantée au 18ème siècle par les Autrichiens résulte d’un processus identique favorisé par le fait que la hêtraie était régionalement jusqu’ici le stade climacique de la forêt, ce qui est remis en question par le changement climatique. A contrario, si on pratique un enrichissement de chêne en placeaux dans le cadre d'une sylviculture mélangée sous couvert continu avec une gestion adaptée de l'éclairage, et vu sa fertilité,  il doit être possible en appliquant la gestion Qualification - Dimensionnement (QD) en forêt de Soignes d'obtenir par hectare en une centaine d'années jusqu'à 30 à 50 très gros bois de chêne (de diamètre environ 80 cm) avec des fûts nets de branches sur 8 à 10 m dont les charpentières les plus basses seront maintenus vivantes par un détourage régulier, ces chênes devant aussi atteindre à terme une quarantaine de mètres de hauteur. Il va de soi que si des enrichissements de hêtres adaptés au climat futur sont aussi simultanément pratiqués, l'application simultanée de la gestion QD à cette essence permet d'espérer obtenir une futaie mélangée irrégulière associant à ces deux essences principales à croissance lente d’autres essences à croissances plus rapides. Les articles et ouvrage de Georg Josef Wilhelm expliquent les bases de cette gestion proche de la nature et détaillent comment la mettre en oeuvre.  Personnellement, je pense que le facies d'une telle futaie ne fera pas regretter à ceux qui la contempleront la hêtraie cathédrale qu'elle remplacera. Outre leur grande valorisation du bois produit, les arbres de valeur ainsi élevés présenteront des avantages adaptatifs au changement climatique qui seront leur sélection génétique à l'intérieur du placeau (un nombre de 20 plants est recommandé en gestion QD), leur haut potentiel de fructification, leur grande résistance au vent et l’atteinte plus rapide d’un diamètre d’exploitabilité donné.

    Page 10 je cite « chênaies charmaies Habitat N2000 - 9160 - focus chêne pédonculé /Ouvrir le débat sur l’opportunité ou non d’introduire de nouvelles espèces plus adaptées tout en mesurant in situ - via des placettes expérimentales - l’impact lié à l’introduction de certaines espèces plus méditerranéennes comme le chêne pubescent en lieu et place du chêne sessile actuellement mis en avant. ». L’introduction de provenances méditerranéennes de fagus sylvatica ou de fagus orientalis a déjà été évoquée et est testée dans le cadre du projet « Arboretum de la Société Royale Forestière de Belgique (SRFB) pour lequel on peut se référer à la page internet « Trees for future » (cf. https://www.treesforfuture.be/le-projet/) à propos duquel on peut noter que parmi les 11 essences feuillues testées on trouve fagus sylvatica avec une provenance française « Sud Massif central » et fagus orientalis avec la mention provenance à déterminer. Pour information, en France la pépinière expérimentale ONF de Guéméné-Penfao a pu me fournir ainsi qu’à deux autres membres de notre groupe de progrès le 6 décembre dernier quelques fagus orientalis de provenance turque pour en réaliser des tests de comportement pour moi conduits en enrichissement en placeaux.
    Pour ce qui concerne le chêne pubescent, testé aussi dans « Trees for future » avec le chêne sessile, le chêne chevelu et le chêne de Hongrie, je signale qu’en France il est intégré dans le projet CONQUETH (Capacité d’Occupation du Nord par les chênes (QUErcus) Thermophiles) et qu’il est déjà présent dans les Hauts de France en peuplements adultes là ou la pauvreté du sol, la sécheresse et la chaleur du micro-climat l’ont protégé de la concurrence des chênes sessiles et des chênes pédonculés, ce qui fait qu’on dispose en Normandie et en Hauts de France de peuplements identifiés provenance « Chênes pubescents Nord-Ouest ». La question pour les chênes se pose cependant pour moi d’associer dans la migration assistée le chêne tauzin (Quercus pyrenaica) mieux adapté a priori que le chêne pubescent pour les sols acides. En effet, le chêne tauzin, également thermophile, appartient au même complexe d’espèces que les chênes sessile, pédonculé et pubescent et est donc susceptible aussi de s’hybrider avec eux.

    Page 12 je cite « Hêtraie acidophile (Habitat N2000 - 9120) / Meilleure connaissance du changement phénotypique possible du hêtre en adaptation au changement climatique - Meilleure connaissance du patrimoine génétique du hêtre en forêt de Soignes et sa résilience vis-à-vis du changement climatique pour autant que cela soit possible. » Alexis Ducousso (intervenant du prochain webinaire du 13 décembre prochain sur la génétique évolutive signalé dans un de mes posts du 2 décembre) ingénieur de recherche à l’INRAE Bordeaux UMR Biogeco et forestier dans la Somme est le spécialiste de la génétique des chênes et hêtres en France. Il connait bien à ce titre les travaux qui ont pu être effectués sur les génomiques du chêne et du hêtre. Par ailleurs, vous trouverez en pièce jointe le document « tpx128.pdf » ( Stojnic S. et al 2017 « Variation in xylem vulnerability to embolism in European beech from geographically marginal populations » Tree Physiology 00, 1–13 doi:10.1093/treephys/tpx128) article qui, outre le fait qu’il montre la grande marge de sécurité hydraulique que possèdent des hêtres en peuplement dans la forêt domaniale de Laveyron, détaille comment la vulnérabilité à l’embolie peut être déterminée par des mesures faites en France à l’aide du « Cavitron ».

    Page 12 je cite « Hêtraie acidophile (Habitat N2000 - 9120) / Meilleure connaissance de la résilience des autres espèces actuellement plantées (Tilia cordata, Carpinus betulus, etc.) et autres espèces potentielles (Quercus petraea (origine Allier – France), Chêne pubescent, etc.)). Connaissance insuffisante à ce stade. ». Pour information, les chênaies sessiliflores de l’Allier ont été placées en situation de crise de mémoire dès 2020 par le Département de Santé des Forêts sur le critère « récolte accidentelle supérieure à 30% », et ce alors que les cartes de compatibilité climatique Climessences classent en « vert » le chêne sessile pour le climat actuel dans ce département…

    Page 13 je cite « Pédologie (sols) / Etude pédologique et stationnelle de la plasticité du hêtre pouvant être plus élevée que présumée quant à sa capacité de pouvoir pénétrer dans les fissures du Fragipan pour atteindre les lœss calcaires. » Remarque : Dans la partie diagnostic, la spécificité du fragipan du sol de la forêt de Soignes est soulignée, mais elle peut être comprise comme un facteur limitant puisque présent à 30 cm de profondeur mais sur une épaisseur inconnue, le fragipan est un facteur limitant dans la mesure où il n’est pas fissuré. D’où la question suivante, selon l’épaisseur de la tranche du fragipan, la préparation du sol au sous-soleur multi-fonction dent Becker monté sur minipelle a-t-elle été testée sur les placeaux de plantation en enrichissement ? Ce sous-solage décompacte le placeau jusqu’à 60 cm de profondeur en conditions favorables sans perturber les horizons et correspond à une préparation du sol mécanisée uniquement locale avec d’autres effets positifs vis-à-vis de la concurrence de la végétation adventice car il est équipé en complément d’un peigne désherbeur. Il est de plus en plus utilisé en France avec succès tant pour ses bons résultats sur la reprise des plantations que pour l’économie qu’il permet sur les premiers dégagements. Plus d’informations sont disponibles sur le site https://www6.inrae.fr/renfor/Ressources/Fiches-techniques.

    Page 14 je cite « Gestion Forestière / Proposer une adaptation des règles UNESCO pour une gestion futaie irrégulière par pied au lieu d’une futaie irrégulière par parquets (qui implique des trouées de 30 ares ou plus qui affectent l’ambiance forestière dans la zone tampon) et harmoniser les pratiques au niveau des 3 régions. » En gestion irrégulière dans une chênaie sessiliflore / charmaie la récolte d’un très gros bois de chêne (pour fixer les idées avec un diamètre de houppier de l’ordre de 18 m la trouée unitaire fait 2,5 ares) laisse la place suffisante pour amener un cône de régénération naturelle ou un îlot de plantation de chêne sessile jusqu’au stade de petit bois. Le couvert plus fermé de la hêtraie est une autre situation, mais il est montré dans des écrits de Georg Josef Wilhelm en particulier dans celui paru dans le numéro 163 de Forêt Nature en pages 43 à 52 intitulé « La gestion QD un atout pour les chênes dans les hêtraies » que le chêne peut y être favorisé dans une optique d’adaptation au changement climatique et cela a pu être vérifié sur le terrain lors d’un voyage d’études en 2021 à Blieskastel en Allemagne dans la Sarre.

    Bien cordialement

    Philippe Bouchez

    Animateur du groupe de travail « Adaptation des forêts au changement climatique » du Centre d’études techniques forestières de la Somme (CETEF80)

    07 71 85 45 09

    Pièces jointes

  • Il y a 1 an

    Bonjour,

    Le contenu de cette discussion fait suite à la précédente que j'avais postée le 2 décembre après avoir visionné le séminaire retour d'expérience de la forêt de Soignes du 23 novembre où était intervenu Etienne Aulotte qui appartient à ce groupe de travail. Discussion dans laquelle j'avais évoqué les stress hydriques, la génétique évolutive et la migration assistée du hêtre comme moyen de renforcer la résilience des hêtraies au changement climatique, sujet sur lequel nous travaillons dans les Hauts de France puisque nous sommes aussi confrontés à des dépérissements de hêtre. 

    J'ouvre cette nouvelle discussion après avoir lu les documents mis en ligne par Sandra Chatel le 5 décembre dans le groupe Communauté à la rubrique Actualités sous le libellé “Fin de la phase de test | Consultez les rapports des sites tests !” et dans lesquels j'ai trouvé le diagnostic de vulnérabilité et le plan d'adaptation de la forêt de Soignes.

    Plutôt que par un courriel personnel à Monsieur Aulotte, je communique les remarques qui me sont venues après lecture de ces documents qui seront de fait partagées avec les membres du groupe, dont certains sont en poste dans les Hauts de France, cela dans un esprit collaboratif et constructif, et vais faire référence au plan d'adaptation de la forêt de Soignes (AULOTTE E. ; VAES F. 2021. Plan d’adaptation au changement climatique de la Forêt De Soignes – Région Bruxelloise. LIFE Natur’Adapt – Rapport Bruxelles Environnement. p.) :

    Page 6 je cite “La hêtraie va inévitablement se réduire au profit d’autres espèces et faciès”. Commentaire : je suis globalement d'accord pour le hêtre commun local fagus sylvatica d'où la remarque déjà faite d'introduire en enrichissement en placeaux des hêtres fondateurs de provenances plus méridionales avec parmi elles celles des sanctuaires reliques refuges du hêtre pendant la dernière glaciation et répertoriés comme des fagus sylvatica bien que présentant des caractères les apparentant à l'espèce fagus orientalis pour laquelle il y a d’ailleurs une controverse sur la question de la considérer comme une espèce différente (cf. PJ à la présente discussion “le hêtre au quaternaire”).  Ces hêtres fondateurs sélectionnés à raison d’un par placeau pouvant, une fois atteint la maturité sexuelle, fournir une régénération naturelle adaptée au climat futur par reproduction sexuée entre eux ou par hybridation avec les hêtres locaux.

    Page 8 je cite “un paysage forestier « cathédrale » de substitution sera développé : la chênaie cathédrale à base de chênes sessiles.” Or le plan d’adaptation prévoit le passage en futaie irrégulière avec enrichissement en placeaux qui me semble incompatible avec l’obtention d’une chênaie cathédrale. En effet, La chênaie cathédrale est un mode de gestion résultant du traitement en futaie régulière des chênaies bien connu en France et qui vient d’être classé le 8 juin 2022 à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel. Il résulte historiquement de l'application de l'Ordonnance des Eaux et Forêts du Roi Louis XIV d’août 1669 rédigée par son ministre Colbert à laquelle on peut ajouter l’application du moins connu « Traité de la  culture des forêts » que fera paraître le Maréchal Sébastien Le Prestre de Vauban dans le tome 4 de ses « oisivetés » en date du 14 octobre 1701. Mais sans détailler plus ces rappels historiques, la chênaie cathédrale est le produit d'une sylviculture de longue révolution de l'ordre de 200 ans même si celle-ci tend à se réduire un peu. La condition initiale favorable à son renouvellement est une régénération naturelle avec de l’ordre de 100 000 semis par hectare. Une très longue phase de compression poursuivie par des éclaircies prudentes permet de l’obtenir, avec pour illustrer cette sylviculture l’objectif d’obtenir un peuplement mature au bout de 180 ans  de 70 chênes de 75 cm de moyenne de diamètre à hauteur d'homme avec des fûts nets de branche pouvant atteindre la vingtaine de mètres de hauteur tel qu’énoncé récemment par le gestionnaire ONF de la forêt domaniale  de Réno-Valdieu dans le Perche en France. Il est hautement probable que la hêtraie cathédrale de la forêt de Soignes plantée au 18ème siècle par les Autrichiens résulte d’un processus identique favorisé par le fait que la hêtraie était régionalement jusqu’ici le stade climacique de la forêt, ce qui est remis en question par le changement climatique. A contrario, si on pratique un enrichissement de chêne en placeaux dans le cadre d'une sylviculture mélangée sous couvert continu avec une gestion adaptée de l'éclairage, et vu sa fertilité,  il doit être possible en appliquant la gestion Qualification - Dimensionnement (QD) en forêt de Soignes d'obtenir par hectare en une centaine d'années jusqu'à 30 à 50 très gros bois de chêne (de diamètre environ 80 cm) avec des fûts nets de branches sur 8 à 10 m dont les charpentières les plus basses seront maintenus vivantes par un détourage régulier, ces chênes devant aussi atteindre à terme une quarantaine de mètres de hauteur. Il va de soi que si des enrichissements de hêtres adaptés au climat futur sont aussi simultanément pratiqués, l'application simultanée de la gestion QD à cette essence permet d'espérer obtenir une futaie mélangée irrégulière associant à ces deux essences principales à croissance lente d’autres essences à croissances plus rapides. Les articles et ouvrage de Georg Josef Wilhelm expliquent les bases de cette gestion proche de la nature et détaillent comment la mettre en oeuvre.  Personnellement, je pense que le facies d'une telle futaie ne fera pas regretter à ceux qui la contempleront la hêtraie cathédrale qu'elle remplacera. Outre leur grande valorisation du bois produit, les arbres de valeur ainsi élevés présenteront des avantages adaptatifs au changement climatique qui seront leur sélection génétique à l'intérieur du placeau (un nombre de 20 plants est recommandé en gestion QD), leur haut potentiel de fructification, leur grande résistance au vent et l’atteinte plus rapide d’un diamètre d’exploitabilité donné.

    Page 10 je cite « chênaies charmaies Habitat N2000 - 9160 - focus chêne pédonculé /Ouvrir le débat sur l’opportunité ou non d’introduire de nouvelles espèces plus adaptées tout en mesurant in situ - via des placettes expérimentales - l’impact lié à l’introduction de certaines espèces plus méditerranéennes comme le chêne pubescent en lieu et place du chêne sessile actuellement mis en avant. ». L’introduction de provenances méditerranéennes de fagus sylvatica ou de fagus orientalis a déjà été évoquée et est testée dans le cadre du projet « Arboretum de la Société Royale Forestière de Belgique (SRFB) pour lequel on peut se référer à la page internet « Trees for future » (cf. https://www.treesforfuture.be/le-projet/) à propos duquel on peut noter que parmi les 11 essences feuillues testées on trouve fagus sylvatica avec une provenance française « Sud Massif central » et fagus orientalis avec la mention provenance à déterminer. Pour information, en France la pépinière expérimentale ONF de Guéméné-Penfao a pu me fournir ainsi qu’à deux autres membres de notre groupe de progrès le 6 décembre dernier quelques fagus orientalis de provenance turque pour en réaliser des tests de comportement pour moi conduits en enrichissement en placeaux.
    Pour ce qui concerne le chêne pubescent, testé aussi dans « Trees for future » avec le chêne sessile, le chêne chevelu et le chêne de Hongrie, je signale qu’en France il est intégré dans le projet CONQUETH (Capacité d’Occupation du Nord par les chênes (QUErcus) Thermophiles) et qu’il est déjà présent dans les Hauts de France en peuplements adultes là ou la pauvreté du sol, la sécheresse et la chaleur du micro-climat l’ont protégé de la concurrence des chênes sessiles et des chênes pédonculés, ce qui fait qu’on dispose en Normandie et en Hauts de France de peuplements identifiés provenance « Chênes pubescents Nord-Ouest ». La question pour les chênes se pose cependant pour moi d’associer dans la migration assistée le chêne tauzin (Quercus pyrenaica) mieux adapté a priori que le chêne pubescent pour les sols acides. En effet, le chêne tauzin, également thermophile, appartient au même complexe d’espèces que les chênes sessile, pédonculé et pubescent et est donc susceptible aussi de s’hybrider avec eux.

    Page 12 je cite « Hêtraie acidophile (Habitat N2000 - 9120) / Meilleure connaissance du changement phénotypique possible du hêtre en adaptation au changement climatique - Meilleure connaissance du patrimoine génétique du hêtre en forêt de Soignes et sa résilience vis-à-vis du changement climatique pour autant que cela soit possible. » Alexis Ducousso (intervenant du prochain webinaire du 13 décembre prochain sur la génétique évolutive signalé dans un de mes posts du 2 décembre) ingénieur de recherche à l’INRAE Bordeaux UMR Biogeco et forestier dans la Somme est le spécialiste de la génétique des chênes et hêtres en France. Il connait bien à ce titre les travaux qui ont pu être effectués sur les génomiques du chêne et du hêtre. Par ailleurs, vous trouverez en pièce jointe le document « tpx128.pdf » ( Stojnic S. et al 2017 « Variation in xylem vulnerability to embolism in European beech from geographically marginal populations » Tree Physiology 00, 1–13 doi:10.1093/treephys/tpx128) article qui, outre le fait qu’il montre la grande marge de sécurité hydraulique que possèdent des hêtres en peuplement dans la forêt domaniale de Laveyron, détaille comment la vulnérabilité à l’embolie peut être déterminée par des mesures faites en France à l’aide du « Cavitron ».

    Page 12 je cite « Hêtraie acidophile (Habitat N2000 - 9120) / Meilleure connaissance de la résilience des autres espèces actuellement plantées (Tilia cordata, Carpinus betulus, etc.) et autres espèces potentielles (Quercus petraea (origine Allier – France), Chêne pubescent, etc.)). Connaissance insuffisante à ce stade. ». Pour information, les chênaies sessiliflores de l’Allier ont été placées en situation de crise de mémoire dès 2020 par le Département de Santé des Forêts sur le critère « récolte accidentelle supérieure à 30% », et ce alors que les cartes de compatibilité climatique Climessences classent en « vert » le chêne sessile pour le climat actuel dans ce département…

    Page 13 je cite « Pédologie (sols) / Etude pédologique et stationnelle de la plasticité du hêtre pouvant être plus élevée que présumée quant à sa capacité de pouvoir pénétrer dans les fissures du Fragipan pour atteindre les lœss calcaires. » Remarque : Dans la partie diagnostic, la spécificité du fragipan du sol de la forêt de Soignes est soulignée, mais elle peut être comprise comme un facteur limitant puisque présent à 30 cm de profondeur mais sur une épaisseur inconnue, le fragipan est un facteur limitant dans la mesure où il n’est pas fissuré. D’où la question suivante, selon l’épaisseur de la tranche du fragipan, la préparation du sol au sous-soleur multi-fonction dent Becker monté sur minipelle a-t-elle été testée sur les placeaux de plantation en enrichissement ? Ce sous-solage décompacte le placeau jusqu’à 60 cm de profondeur en conditions favorables sans perturber les horizons et correspond à une préparation du sol mécanisée uniquement locale avec d’autres effets positifs vis-à-vis de la concurrence de la végétation adventice car il est équipé en complément d’un peigne désherbeur. Il est de plus en plus utilisé en France avec succès tant pour ses bons résultats sur la reprise des plantations que pour l’économie qu’il permet sur les premiers dégagements. Plus d’informations sont disponibles sur le site https://www6.inrae.fr/renfor/Ressources/Fiches-techniques.

    Page 14 je cite « Gestion Forestière / Proposer une adaptation des règles UNESCO pour une gestion futaie irrégulière par pied au lieu d’une futaie irrégulière par parquets (qui implique des trouées de 30 ares ou plus qui affectent l’ambiance forestière dans la zone tampon) et harmoniser les pratiques au niveau des 3 régions. » En gestion irrégulière dans une chênaie sessiliflore / charmaie la récolte d’un très gros bois de chêne (pour fixer les idées avec un diamètre de houppier de l’ordre de 18 m la trouée unitaire fait 2,5 ares) laisse la place suffisante pour amener un cône de régénération naturelle ou un îlot de plantation de chêne sessile jusqu’au stade de petit bois. Le couvert plus fermé de la hêtraie est une autre situation, mais il est montré dans des écrits de Georg Josef Wilhelm en particulier dans celui paru dans le numéro 163 de Forêt Nature en pages 43 à 52 intitulé « La gestion QD un atout pour les chênes dans les hêtraies » que le chêne peut y être favorisé dans une optique d’adaptation au changement climatique et cela a pu être vérifié sur le terrain lors d’un voyage d’études en 2021 à Blieskastel en Allemagne dans la Sarre.

    Bien cordialement

    Philippe Bouchez

    Animateur du groupe de travail « Adaptation des forêts au changement climatique » du Centre d’études techniques forestières de la Somme (CETEF80)

    07 71 85 45 09

    Pièces jointes