Aider les forêts à s'adapter au changement climatique en s'appuyant sur les dynamiques naturelles, demande à faire des hypothèses sur l'amplitude du changement climatique, à en analyser les conséquences potentielles sur l'écosystème forestier, ceci afin d'étudier des modalités de gestion adaptative intégrant les grands équilibres écologiques qui sont favorables à la pérennité de la forêt. La libre évolution, la sylviculture mélangée sous couvert continu et la gestion qualification dimensionnement s'appuient sur la régénération naturelle et pour ces deux dernières la complètent par de la migration assistée des essences qui n'est autre qu'une aide donnée par le sylviculteur aux écosystèmes forestiers pour pallier à la vitesse estimée dix fois trop lente de la migration naturelle par rapport à celle de la progression du réchauffement climatique dans des scénarios pessimistes de son évolution qui sont malheureusement à craindre.
Quelles seront les limites de l'adaptation sur place des régénérations naturelles des peuplements locaux en cas d'emballement du réchauffement climatique du fait de leur faible marge de sécurité hydraulique?
La migration assistée pratiquée dès maintenant en enrichissement sous couvert continu peut-elle apporter une réponse au risque de dépérissement massif par effet de fondation pour disposer d'une régénération naturelle résiliente vis-à-vis du climat futur, les arbres fondateurs étant arrivés à maturité sexuelle?
Quels apports adaptatifs la gestion Qualification-Dimensionnement peut-elle apporter à la pratique de la plantation des îlots de migration assistée?
Si la démarche de migration assistée vient d'être présentée sous son aspect aide à l'adaptation des peuplements locaux qui peut au sein des complexes d'espèces passer par l'hybridation avec les essences locales, un autre aspect positif de son impact se doit d'être signalé, c'est celui de la sauvegarde qu'elle pourra permettre de patrimoines génétiques menacés d'extinction. dans des peuplements reliques. Sauvegarder par leur déplacement ces patrimoines génétiques en péril, n'est-elle pas une autre forme de protection active de la nature?
Voilà quelques questions qui ne sont en rien limitatives pour lesquelles la mise en ligne de documents et les échanges sur les réflexions, les expériences et les observations sont les outils que je prévois d'utiliser dans ce groupe de discussion dont le contenu évoluera au fil des échanges avec les membres qui l'ont rejoint et le rejoindront et de leurs apports documentaires.
Philippe Bouchez
Animateur du groupe de travail “Adaptation des forêts au changement climatique” du Centre d'études techniques forestières de la Somme (CETEF80)
bouchez.philippe@gmail.com